Les territoires littoraux sont soumis à de nombreuses pressions : risques côtiers d’érosion et de submersion marine, pression démographique, augmentation des constructions... Dans le contexte de changements climatiques actuel, ces contraintes sont en constante augmentation. Pour y faire face, les communes littorales vont devoir adapter leurs modes de gestion. Pour accompagner ces changements, une quarantaine de gestionnaires et de scientifiques en géographie, sociologie, économie et psychologie, de l’UBO et de l’université du Québec à Rimouski (UQAR) sont réunis dans le cadre du projet Arico. Ce projet pluridisciplinaire entre la France et le Québec étudie l’adaptation aux risques côtiers selon trois axes de recherche
- Comprendre la vulnérabilité des territoires par la connaissance à la fois des dynamiques naturelles et sociétales, notamment par la création d’un indice de vulnérabilité
- Analyser les politiques publiques, la dynamique des acteurs et l’usage des outils de gestion dans les deux pays
- Caractériser et analyser les capacités d’adaptation et de résilience des communautés côtières dans les territoires choisis
À partir des résultats obtenus par les trois axes de recherche, l’objectif est de co-construire entre les scientifiques et les acteurs du territoire, des scénarios d’adaptation des territoires littoraux aux risques côtiers dans un contexte de changements climatiques.
Julie Delannoy est doctorante entre la France et le Québec. Sa thèse, en co-tutelle entre l’UBO et l’UQAR s’insère au dans l’axe 2 du projet Arico. Découvrez ses travaux et son quotidien.
- Quel est ton sujet de thèse ?
Ma thèse s’intéresse aux systèmes d’indemnisation, ce qui inclut assurances, fonds publics d’aide, etc. J’étudie leur rôle dans les choix résidentiels, en contexte de risques côtiers en France et au Québec.
- Peux-tu nous expliquer ce que sont les systèmes d’indemnisation et quel est l’intérêt de les étudier ?
Un système d'indemnisation est défini comme l’ensemble des dispositifs et acteurs concernés, dont les limites correspondent au découpage administratif d’une autorité compétente en la matière, c’est-à-dire que je considère qu’il existe un système au Québec et un en France. Au sein d’un système peuvent cohabiter différents dispositifs (assurantiel et/ou fonds publics) qui reposent sur des logiques différentes (préventive ou en réaction à une catastrophe). Un dispositif est compris comme l’ensemble des éléments (administratifs, juridiques, politiques, financiers, etc.) mobilisés par les pouvoirs publics et/ou le secteur privé pour verser une compensation financière à des particuliers pour reconstruire, adapter, remplacer ou déplacer leur(s) bien(s) résidentiel(s), en raison d’une exposition à un ou des aléas côtiers. Il existe donc plusieurs dispositifs au sein du système français et du système québécois.
Ces systèmes sont complexes avec beaucoup de subtilités difficiles à saisir sans une étude approfondie des textes de lois et des échanges avec les acteurs responsables de sa mise en œuvre. De plus, les systèmes sont très différents entre la France et la Québec. Le système d'indemnisation face aux risques naturels majeurs repose sur de la solidarité nationale dans le cadre d'une entente entre l'Etat et les assureurs en France contrairement au Québec où les risques côtiers sont couverts principalement par le gouvernement provincial, le secteur privé étant en retrait sur ces questions. C’est donc intéressant de comparer les deux territoires, pour voir si ces différences influencent ou non les choix résidentiels.
Avec les changements climatiques en cours, il est prévu que les catastrophes naturelles soient de plus en plus fréquentes. Les habitants des communes littorales seront donc plus exposés aux risques côtiers (érosion littorale, submersion marine…). Je cherche donc à comprendre les liens entre le choix résidentiel, la proximité de la mer et les systèmes d’indemnisation.
- Tu mènes une enquête à plusieurs échelles dans le cadre de ta thèse. Pourquoi et comment ?
J’ai d’abord réalisé une enquête par entretiens auprès d’acteurs impliqués dans le fonctionnement des systèmes d’indemnisation en France et Québec. Ces entretiens exploratoires devaient me permettre de mieux comprendre comment fonctionnaient ces systèmes et leur gouvernance. En parallèle je réalise également des études de cas.
Pour la deuxième phase, j’ai créé un questionnaire qui s’adressent aux anciens, actuels ou futurs propriétaires de biens résidentiels dans une commune littorale en France métropolitaine. Une version similaire existe aussi pour le Québec. Avec ce questionnaire, je voudrais comprendre si les représentations des propriétaires changent selon les enjeux du territoire.
Ce questionnaire est diffusé en ligne et pour corroborer mes hypothèses j’ai besoin du plus grand nombre de réponses possibles ! Pourriez-vous m’aider en y répondant ? Le lien se trouve à la fin de l’article.
- Tu réalises ta thèse entre le Québec et la France, comment ça se passe ?
Une thèse en co-tutelle entre deux universités dans deux pays différents, c’est compliqué à mettre en place. Cela demande beaucoup de démarches administratives et ça demanderait sans doute quelques ajustements entre les universités pour faciliter la vie aux doctorant.e.s qui s’y engagent. Mais une fois cette phase passée, c’est très formateur. C’est très riche de côtoyer des chercheurs de culture scientifique différente. Avoir les deux points de vue m’a forcé à tourner et retourner le sujet dans tous les sens pour répondre aux exigences françaises et québécoises. Mon projet de thèse a également une plus grande envergure, je peux mobiliser un réseau plus vaste, à la fois pour faire avancer mon projet, mais également pour la valorisation de mes travaux.
Malgré les difficultés, réaliser cette thèse entre la France et le Québec est vraiment bénéfique !
Vous étiez, vous êtes ou vous envisagez de devenir propriétaire d’un bien sûr une commune littorale ? Aidez Julie Delannoy à mener son projet de recherche en répondant à l’enquête : https://cvip.sphinxonline.net/surveyserver/s/j_delannoy/QuestionnaireFR_VF/questionnaire.htm