Il y a 18 mois, le Centre de Recherche sur l’Éducation, les Apprentissages et la Didactique (CREAD, EA3875) se saisissait de l’outil GES 1point5 pour quantifier l’empreinte environnementale de ses activités de recherche. Ce diagnostic, point de départ d’une démarche participative plus profonde, a débouché sur la création d’un groupe de travail baptisé « Transition ». Sa double ambition : animer la réflexion collective sur les pratiques de développement durable du laboratoire, mais aussi mettre en valeur et favoriser des travaux de recherche sur le thème du développement durable.
Pour initier cette dynamique, le groupe de travail a organisé, le 24 mai dernier, une première journée d’étude destinée aux membres du CREAD et du CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes, EA261). Au programme : « Les recherches en éducation et formation en contexte de changement climatique et d’anthropocène : quelles pratiques éducatives au service de quels développements durables ? » L’occasion de mettre en lumière les recherches émergentes sur ces thématiques et d’inviter les chercheur.euses intéressé.es par le thème du développement durable à initier des collaborations.
La durabilité : théories et pratiques
La durabilité, liée au concept de développement durable, et ses implications peuvent se transmettre dès le plus jeune âge grâce à des outils adaptés et pratiques en classe. Trois exemples ont été présentés au cours de la première session de la journée d’étude du CREAD.
La fresque du climat est un atelier d’intelligence collective de plus en plus utilisé par les enseignants à différents niveaux d’enseignement. L’objectif est de présenter et faire comprendre rapidement la complexité des enjeux climatiques. Hanaà Chalak et Malou Delplancke, chercheuses au CREN, ont mené une étude auprès d’une classe de Terminale qui a permis de montrer que cet outil contribue à initier une réflexion et prise de conscience du problème climatique. Mais elles pointent aussi la nécessiter de travailler sur les moyens de mener à l’action.
Les pratiques sportives sont également des vecteurs nécessaires pour promouvoir la notion de durabilité. Grâce à un travail de réflexion collaboratif et participatif, le groupe de recherche centré sur l'activité physique, l'apprentissage et l'accompagnement de la performance (3A2P) du CREAD a pu définir des axes de recherche pour éclairer le concept de performance durable, qui combine le sujet de la performance sportive avec celui de la durabilité. L’objectif est de contribuer à la préservation des ressources nécessaires (économiques, sociales et environnementales) au développement de l’expertise des sportif.ves.
La créativité est également considérée comme une compétence-clé indispensable pour s’adapter aux changements auxquelles sont confrontés la société actuelle. Les travaux de thèse menés par Anne Bertin-Renoux au sein du CREAD portent sur la créativité en éducation physique des années 1960 à nos jours et ont permis de mettre en évidence les liens entre la « créativité de l’agir », qui se base sur l’expérience, et le développement durable. L’objectif est d’accompagner les enseignants dans une transition pédagogique vers l’action.
Pratiques enseignantes et socialisation écologique
La deuxième partie de la journée d’étude s’intéressait aux pratiques enseignantes ou de formation qui conduisent les élèves et étudiants à adopter des gestes écologiques au quotidien. Trois travaux de recherche ont été présentés au cours de cette session, en faisant le lien entre pratiques pédagogiques et concepts sociologiques.
En revenant brièvement sur l’histoire des classes de mer et des aires marines éducatives en lien avec l’éducation à l’environnement, puis en s’appuyant sur des exemples concrets de projets de formation basés sur ces dispositifs, Malo Camus-Le Pape (CRBC), Anne Bertin-Renoux (CREAD) et Julien Fuchs (CREAD) montrent comment les pratiques formatrices sont renouvelées grâce à des dispositifs éducatifs tournés vers la gestion de l’environnement.
Le projet d’étude et de recherche de 4 étudiantes en L3 sciences de l’éducation de l’université de Rennes 2, s’intéresse à la construction du rapport des étudiant·e·s rennais·ses à la cause environnementale. Leurs travaux ont montré que les étudiant·e·s se divisent en plusieurs types selon leur proximité à cette cause. Ainsi, les jeunes les plus impliqués, les « militants motivés », ont construit leur militantisme précocement en famille ou en milieu scolaire.
Enfin, le mémoire de recherche de Charlotte Le Corre, étudiante en M2 sciences de l’éducation à l’université de Rennes 2, s’intéresse à l’habitus écologique chez les enfants, soit l’ensemble des savoirs être et savoirs faire acquis par les enfants qui impliquent un rapport au monde favorable à la préservation des écosystèmes. Ses recherches mettent en évidence les pratiques pouvant être mise en place dans le milieu scolaire pour favoriser cet habitus, comme par exemple : faire classe dehors pour passer du temps dans la nature, mettre en place des écogestes au sein de l’école ou encore développer la pensée critique et philosophique par le débat.
Pratiques enseignantes et socialisation écologique
La troisième et dernière session de la journée s’intéressait particulièrement à l’éducation à l’environnement en prenant l’exemple de deux projets pédagogiques mis en place au sein d’école.
Marine Jacq, Patricia Marzin-Janvier et Damien Grenier, tous les trois chercheur·e·s au CREAD, se sont intéressés au forest school, basée sur une pédagogie immersive et répétée dans la nature. Les travaux de recherche en cours au CREAD vont permettent de déterminer quelles sont les connaissances et compétences scientifiques que les adultes veulent transmettre (savoir à enseigner) et, dans un second temps, quelles sont celles travaillées par les enfants dans ce contexte particulier (savoir enseigné).
Les sciences participatives sont des formes de production de connaissances scientifiques impliquant des volontaires non professionnels. Le projet EDUOakBodyguards vise à développer les compétences d’enseignants de sciences en co-construisant avec eux un projet de science participative en écologie. Cette collaboration est bénéfique à la fois pour les scientifiques : les données recueillies sont exploitables par les chercheurs ; mais également pour les enseignants (développement professionnel) et pour les élèves qui vont apprendre de nouveaux savoirs.
Conclusion : penser les nouvelles pratiques éco-pédagogiques
Cette journée d’étude a permis de mettre en lumière de nouvelles pratiques pédagogiques sur les questions du développement durable. Dans un contexte de dérèglement climatique, il est urgent de former les citoyens de demain et, comme l’ont montré les nombreux exemples proposés, cela passe par l’école et l’apprentissage de nouveaux savoirs, savoir être et savoirs faire.