De la recherche fondamentale à l'innovation industrielle : la valorisation des algues brunes

Du au
Les trophées de la valorisation 2025
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Valérie Stiger-Pouvreau, enseignant-chercheure et professeure des universités en écologie chimique des végétaux marins, est rattachée au LEMAR au sein de l’IUEM (Institut Universitaire Européen de la Mer). En 2025 elle a reçu son premier trophée pour ses travaux novateurs sur la valorisation des algues brunes dans le domaine de la cosmétique. Elle le dédie à trois femmes sans qui elle n’aurait pas obtenu cette distinction : Christine Bodeau et Maud Larnicol de la société Science & Mer et Laurence Coiffard de l’Université de Nantes.

Comprendre les algues pour mieux les exploiter

Ses travaux portent sur les macroalgues marines des milieux tempérés et tropicaux et leur interaction avec l’environnement, en réponse aux changements climatiques et à l’acidification des océans. Selon l'environnement dans lequel elles se développent, certaines algues synthétisent des molécules impliquées dans leur adaptation au milieu marin changeant qui les rendent résilientes, une propriété précieuse pour des applications industrielles.

« Les algues synthétisent des molécules en réponse aux contraintes de l’environnement. En comprenant ces mécanismes et en les identifiant, je m’en inspire et cela m’amène ensuite à proposer ces molécules dans différents domaines. C’est ce qu’on appelle la bio-inspiration, s’inspirer du vivant pour ensuite développer des solutions innovantes pour la cosmétique, l’agriculture et les biomatériaux. »

Un brevet au service de la protection solaire

En observant les algues à marée basse, Valérie Stiger-Pouvreau a identifié des polyphénols à fort pouvoir photoprotecteur. En collaboration avec l’université de Nantes, et les sociétés Tech Nature et Novéal (filiale de L’Oréal), elle dépose en 2019 un brevet sur des extraits photoprotecteurs destinés à la protection solaire, qui est accepté ensuite en 2022. Ce projet, issu d’un partenariat historique entre Science & Mer, racheté par Tech Nature, et l’UBO, s’inscrit dans les projets de recherche RIV-ALG et RIV-AGE 2.0, financés par la Région et le Fonds Unique Interministériel (FUI).

Les défis de la valorisation industrielle

Si le brevet a été déposé, son transfert à l’échelle industrielle s’est avéré complexe. Certaines difficultés, comme l’odeur et la coloration des extraits, ont freiné leur adoption par les industriels. 

«C’est frustrant de ne pas voir nos recherches aboutir à une commercialisation»

Pourtant, la collaboration entre chercheurs et industriels est essentielle pour concrétiser ces avancées.

Le projet SAVE-C : une valorisation éco-responsable 

Dans un autre projet ambitieux intitulé SAVE-C et financé par l’ANR, l'ADEME et les collectivités territoriales des Antilles française (CR971 et CTM) , Valérie Stiger-Pouvreau et son équipe se sont intéressées à la prolifération des sargasses sur les côtes atlantiques tropicales. Ce projet a permis d’explorer leur valorisation pour la production d’agents stimulants pour l’agriculture et pour la conception de biomatériaux, comme des cercueils en carton pour la crémation ou des urnes funéraires à base de sargasses.

 

«Ce qui me motive, c’est d’apporter un aspect appliqué à nos travaux de recherche, de proposer des solutions concrètes, et de diffuser tout cela auprès de différents publics.»

Professeure Valérie Stiger-Pouvreau
Remise du Trophée du Transition à Valérie Stiger-Pouvreau

Félicitations !

Lors de la cérémonie des Trophées de la Valorisation 2025 organisé par l'UBO et l'ENIB, Valérie Stiger-Pouvreau s'est vue remettre le Trophée Transition. L'UBO a récompensé le laboratoire LEMAR de 1000€.